Un cancer ancré dans la démocratie
Le sénateur-pasteur Magno Malta (PR-ES) a annoncé qu'il intenterait une action en justice contre moi. Le pasteur-animateur Silas Malafaia a passé presque tout le temps de son émission hebdomadaire sur Band, le samedi 14 avril, à attaquer le mouvement LGBT, à me diffamer et à annoncer qu'il me poursuivrait également en justice.
Tout cela parce que je les ai accusés d’être homophobes et obscurantistes. Silas Malafaia poursuit déjà en justice le président de l'ABGLT, Toni Reis. Les fondamentalistes évangéliques sont à l’offensive. Ils sont passés de la dénonciation des pratiques gays et lesbiennes et d'un prétendu « empire homosexuel » à l'embarras direct des dirigeants du mouvement LGBT.
Ils sont riches et très puissants. Ils ont des programmes de radio et de télévision. Ils ont des propriétés, de l'influence. Ils ont des millions de followers, ils ont des cabinets d’avocats.
Nous sommes des militants des droits de l'homme. Militants de la citoyenneté LGBT. Cette tentative d’intimidation ne fonctionnera pas. Mais cela marque certainement une nouvelle période dans la confrontation que les évangéliques fondamentalistes mènent contre les droits des homosexuels. Il s’agit désormais d’étouffer judiciairement et de criminaliser ceux qui dénoncent leurs discours de haine.
Nous ne resterons pas silencieux. Plutôt l'inverse. La démocratie brésilienne n'autorise pas les discours violents qui propagent la discrimination. Notre État est laïc.
La dignité de tous ne sera garantie que lorsque le principe de la laïcité de l'État sera garanti dans notre vie quotidienne, et pas seulement dans le texte de la Constitution.
Les parlements ne sont pas des temples. . En principe, ils doivent représenter la population dans son ensemble et non les adeptes d’une religion particulière. Dans le cas des télévisions qui diffusent des programmes évangéliques, le fait est plus grave. Les réseaux de télévision sont des concessions publiques, ce sont des concessions de l'État, accordées au nom de l'ensemble de la population.
Les confessions religieuses ne peuvent donc pas utiliser ces moyens publics de communication de masse pour attaquer d’autres religions, notamment celles d’origine africaine. Encore moins pour disqualifier certains groupes sociaux.
La majorité de la population brésilienne est chrétienne, c’est un fait. Mais l’État brésilien est laïc. En d’autres termes, il n’a pas de religion officielle et est organisé sur la base des principes de dignité humaine, de pluralité et de démocratie.
La laïcité de l’État est une avancée civilisationnelle : elle empêche une certaine croyance, qui peut être majoritaire à un moment historique, de l’emporter sur d’autres et d’utiliser son influence pour contraindre les gens à adopter ses principes. Les discours religieux ne sont pas légitimés dans la sphère publique. La foi est une affaire intime.
Dans une démocratie, ces hommes et ces femmes fondamentalistes ont le droit de prêcher des aberrations, de dire des absurdités, de lire la Bible littéralement, de recruter des croyants, de tromper les imprudents et de séduire les pauvres pour qu'ils leur extorquent la dîme. Mais à l’intérieur de leurs temples.
Ces messieurs et ces dames n'ont pas le droit de propager la haine à la télévision nationale, et encore moins d'embarrasser les gouvernements et les parlements ou d'empêcher un groupe de population de faire reconnaître ses droits.
Et encore moins n’importe quel citoyen, quelle que soit sa religion, a la liberté d’inciter à la haine, d’encourager les préjugés ou de stigmatiser les personnes LGBT. Celui qui fait cela devient un « mentor intellectuel » de la violence homophobe. La libre propagation de discours homophobes de la part de pasteurs évangéliques est un cancer ancré dans la démocratie brésilienne.
Garantir la laïcité de l’État et criminaliser l’homophobie. C'est bon pour tout le monde. Pluralité et diversité !
*Julian Rodrigues est militant du groupe CORSA, Aliança Paulista LGBT et ABGLT.
